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Faut-il snober le snob ?


Le snob aime paraître éclectique . Il ne prend pas grand chose au sérieux. D'ailleurs le snob préfère concentrer toute son intelligence sur des conneries plutôt que de mobiliser toute sa connerie sur des choses intelligentes. Sa patience a des limites... mais il ne faut pas exagérer. Il ne connaît aucune blague belge. Il est extrêmement prétentieux.
Bref, le snob est coupable.
30 mars 2008 7 30 /03 /mars /2008 17:22


Pfiouuu... en manque d'inspiration, moi.



Comment s’amuser pendant un examen important quand tout semble perdu ?



Le sujet est tombé et comme prévu, nous* n’avons pas spécialement de trucs très « bateau » à servir à son propos.
Il va falloir improviser quelque chose qui tienne la route, pas facile quand on a l’esprit vagabond. L’arme principale dans cette entreprise désespérée : l’assurance inconditionnelle que nous avons en notre potentiel d’assurance dans les moments critiques.


Pas question de partir avant la fin, ne serait-ce que pour honorer les sandwiches et le thé que nous avons emportés pour résister en cas de siège de la salle d’examen.




Ce sujet, regardons-le mieux… 


« (…) il n'y a poésie qu'autant qu'il y a méditation sur le langage, et à chaque pas réinvention de ce langage. Ce qui implique de briser les cadres fixes du langage, les règles de la grammaire, les lois du discours. C'est bien ce qui a mené les poètes si loin dans le chemin de la liberté, et c'est cette liberté qui me fait avancer dans la voie de la rigueur, cette liberté véritable. » (Louis Aragon « Arma virumque cano » [« Je chante les armes et les hommes »], préface du recueil les Yeux d'Elsa, 1942 ; éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », Œuvres poétiques complètes, I, 2007, p.747).

Vous analyserez et commenterez en vous appuyant sur des exemples précis.




Pour être traité décemment, le sujet requiert des connaissances :
        a) que nous n’avons pas, même en rêve (tant pis, inutile d’en parler)
        b) que nous avons (tant mieux, inutile d’en parler)
        c) que nous savons devoir placer quelque part mais, notre mémoire nous faisant défaut, nous n’avons pas le bagage suffisant pour les traiter sérieusement (voir ce qui suit).


Deux solutions s’offrent à nous : se faire suer et flipper durant six heures, ou profiter de ce temps pour tenter une expérience d’écriture tout en s’amusant… à votre avis quelle piste choisissons-nous ? Bien sûr, vous l’avez deviné, nous choisissons sans mollir le suicide stylistique.






 

Arghhh... l’appel de « Qu’as-tu lu » !




Noyer le poisson



En ce qui concerne ce dont nous sommes sûrs de devoir parler, opérons ce qu’on appelle une ‘glissade’. Par exemple, ne parlons pas en détail de l’œuvre de Stéphane Mallarmé (impossible), contentons-nous d’être évasifs : « (…) c’est le cas dans la conception mallarméenne du sujet lyrique ». L’auteur est, au passage, re-catégorisé en adjectif, pour suggérer qu’on parle d’un mouvement en connaissance de cause mais qu’on n’a pas le temps de le faire bien.
Si un fragment de citation, une expression, nous reviennent en tête nous les citons tels quels, sans expliquer : « (…) ou le « choc-poésie » selon Reverdy. ».


Le ‘grand écart’ (chronologique) présente l’avantage de la surprise. Mais est-ce bien raisonnable à notre âge ? Prenons l’exemple du croisement sauvage entre un lettré de l’époque romane et un poète contemporain, exemple qui tente de masquer que ces deux références nous sont venues comme ça, pouf, et qui caresse l’espoir de prouver que nous ne sommes pas bloqués sur une époque précise (un écueil fatal dans une dissertation de littérature générale) :
« on a le sentiment que les pionniers, les défricheurs de la liberté poétique ont accompli leur œuvre, que leurs successeurs sont ce que Robert de Chartres, un chanoine du XIIème siècle, appelait, en parlant des intellectuels du Moyen Âge par rapport aux figures de l’antiquité, « des nains sur les épaules des géants », ou plus proche de nous « des pigeons sur la tête des statues » pour paraphraser un poème de Jean Michel Maulpoix. » L’analogie est bien évidemment purement formelle…



Nous pouvons également pratiquer le raccourci saisissant ou le résumé ‘de la mort’ (attention ça décoiffe) : « Difficile de penser qu’un chemin relie directement Villon à Aragon. »


Le double salto arrière avec trépanation est désormais à notre portée : « La révolution romantique (…) s’empare de la liberté d’exprimer spontanément ses intuitions, dans le jaillissement de l’écriture sous la plume : Lamartine médite, Victor Hugo contemple. ».




Se noyer tout court



Mais nous ne sommes pas au bout de nos expériences et nous ne quitterons pas la salle avant d’avoir pu placer :
- Une dérivation de derrière les fagots : « Puisqu’il s’agit de briser les règles du langage et de suivre un chemin de liberté tracé par des prédécesseurs, que le poète suive leurs brisées en brisant lui-même les règles ».
- Une métaphore respiratoire, avec double mouvement : « l’aspiration à cet idéal du langage lyrique expire dans la seconde moitié du XXème siècle
- Une antanaclase minable : « se faire une règle de les abattre toutes »
- Un hypozeuxe tout naze : « avec la liberté la rigueur, avec la méditation l’ascèse. »
- Une métaphore mollement filée (pardon Arthur) : « (…) déjà en germe chez Rimbaud qui, outre ses rimes, aime semer des images étranges (…) ».

 

Et puis sauve-qui-peut ! Dans la foulée, ne nous épargnons rien, pas même l’adresse directe au correcteur (après tout, s’il y a vraiment quelqu’un qui nous lit…) : « Le langage poétique, en marge de la langue, est perpétuellement menacé d’obsolescence : les images éblouissantes d’hier font les clichés d’aujourd’hui. Le poète doit constamment réinventer son langage pour toujours toucher les cœurs (oui, ceci est un cliché). ». Voilà.



Quelqu’un nous disait l’autre jour qu’on se sentait curieusement intelligent après avoir transpiré sur une composition. C’est vrai… nous avouons. Mais l’effet n’est pas durable hélas, on se sent nettement plus con après. Allons, débarrassons-nous vite de cet article…




* Oui, nous employons le nous de majesté car nous n’oublions pas que nous sommes snobs (et paf !).

 

 

 

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commentaires

H
Cela semble compliqué les lettres.Quand vous êtes à cours d'exemple, vous ne pouvez pas dessiner un plan de PyongYang comme au Capes de Géographie...
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N
<br /> Bah... en désespoir de cause on peut toujours essayer de faire passer le plan de PyongYang pour le schéma de l'analyse narratologique de La Recherche du temps perdu de Proust ^^<br /> <br /> <br />
A
Bonjour,Que vos bestioles sont bestiales ! C'est du goûteux et cela fait du bien d'en trouver des gens comme vous.J'ai de mon côté posé quelques saynètes sur mon bestiaire approximatif.Bien fait ! 
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N
<br /> J'ai également commencé à lire vos saynètes : très drôle, subtil, poétique et un brin ironique.  Cela me ravit :-)<br /> <br /> <br />
B
Oh, mais ne dirait-on pas que vous en chiâtes il y a peu ? Le correcteur saura-t-il apprécier le joyau d'érudition labyrinthique à sa sagacité proposé ?C'est ce que nous découvrirons peut-être, pauvres lecteurs haletants, dans un prochain épisode...(tu les boufferas tous, alleeeeeez !)
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N
<br /> En fait, je me suis plutôt amusée sur le coup ; c 'est l'angoisse du lendemain qui est venue me donner un coup sur la nuque. Bien sûr tu seras tenu informé des développements ultérieurs de cette<br /> expérience ! (merci pour ta confiance^^ )<br /> <br /> <br />
S
Aaah, je connais bien aussi cette sensation de solitude face à sa copie, vite pallié par une imagination débordante qui, bien sûr, nous amusera bien plus qu'un sérieux exposé, et dupera parfois (pas très souvent quand même...) le correcteur peu regardant.J'en profite aussi pour dire que j'adore ton style et ton légendage de photos, toujours très percutant. ^^
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N
<br /> Merci Scribe, t'es un vrai pote !  *dans mes bras* :-)<br /> <br /> <br />