"A broken blossom, a ruined rhyme" (Algernon Swinburne)
[dessin personnel]
Dans la lande dévastée, le feu a repris
— Que reste-t-il à consumer ?
Des flammes étouffées mais rougeoyantes
S’animent dans les vestiges buissonneux,
Blanchissent les silhouettes calcinées,
Comme enneigées par les racines,
Et les cendres s’envolent en flocons
vers le ciel, lui faisant un affront,
— Ciel opaque, aux nuées terribles.
Le feu se relève
Pantin blessé dont les multiples bras s’agitent
Le vent embrase la plaine, il joue, tout crépite
Et tout hurle
Sous les nues qui menacent de crever.
Le feu, le feu ne s’éteint pas.
Il couve, tapi sous la cendre grise, il attend
Une brindille vient le caresser — oh, à peine
Et il ouvre un œil brillant.
Il y a toujours une prise d’air pour alimenter sa fougue
Et le combustible semble inépuisable
Puisqu’il consume mon cœur, puis mon esprit.
Je dois réinventer ma joie à partir des cendres
Et des fragments que m’a laissé ce désastre.
Chaque morceau de chair est une relique insigne
Que je n’ose ni toucher ni jeter au loin,
Car ces dépouilles semblent briller
D’une possibilité de flamme.
* "Hors d'ici, démons maudits de l'enfer !", titre d'un air de Henry Purcell dans The Indian Queen, Acte II.
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